CHINA SKY: China Sky II (2015)

Les Défenseurs du Rock ont déjà déchargé leurs fusils sur cette pauvre galette qualifiée d’anecdotique et de production ne valant que par la présence du regretté Bruce Crump. Puis est venue l’insulte suprême teintée d’horreur, pire qu’un crachat : « C’est du Rock FM ! ». Touchée à mort, la monstruosité se tortille dans tous les sens, révélant son visage atroce à l’humanité terrorisée. Devant une telle abomination, on peut renvoyer Godzilla dans ses foyers comme un vieux croquemitaine qui ne fait plus peur à personne. Beaucoup de gens ont tapé plus que de raison sur ce courant musical. D’accord, des albums de rock FM, il y en a eu des mauvais… mais aussi des très bons. Sans aucun doute possible, ce China Sky II appartient à la deuxième catégorie. D’abord, pour affirmer qu’il s’agit d’un disque de rock FM, il faut l’avoir écouté. Et là, on tombe dans le piège car l’écouter, c’est l’adopter. Bien sûr, tous les indices nous envoient sur la piste du monstre tant redouté : prise de son impeccable, arrangements soignés, nappes de claviers. Mais en grattant un peu plus, on découvre un trésor caché : la qualité des compositions et le haut niveau des musiciens. Le guitariste envoie des solos imparables, le chanteur assure carrément et Bruce Crump frappe fort comme à son habitude. Le groupe propose un panorama complet de ce style musical si décrié. Le rock FM mélodique et pêchu est à l’honneur avec « One life », « You’re not alone », « Enemy » et « I’m a survivor ». D’autres morceaux, proches du hard rock, cartonnent honorablement (« I believe in you », « You’ll get yours » et « The darkness »). Bien sûr, les ballades mélodieuses (indispensables à tout bon album de FM) ne sont pas oubliées avec « The road not taken », « I wish I could fly », « The richest man of the world » avec son superbe solo de slide, et “Give it up”. Enfin, que dire de la reprise de “Dreams I’ll never see” à la sauce FM ? Même si les puristes n’ont pas fini de grincer des dents en évoquant ce crime odieux, cette tentative très réussie a le mérite de l’originalité (il s’agit sans doute d’un clin d’œil au passé musical de Bruce). Je sais que de nombreux détracteurs vont descendre ce disque en flammes mais le feront-ils en toute honnêteté ? Personnellement, j’ai connu des hardos purs et durs qui vantaient les mérites de Mötorhead mais qui s’enfermaient à double tour dans leur chambre pour écouter Europe en cachette. Alors, pourquoi avoir honte d’aimer un tel album ? Après tout, on peut être amoureux des vieilles bagnoles américaines et apprécier le carénage des voitures de sport.

Olivier Aubry